Sophie transforme la ferme familiale en vignoble, près de Tubize: « On voulait changer de vie »
Notre dernière étape est à Saintes, près de Tubize, dans la ferme familiale des Wautier. Sophie nous a accueillis pour nous présenter un projet déjà bien entamé: le Domaine W.
« J’ai grandi ici », nous a-t-elle expliqué dans la salle-à-manger de la ferme familiale, où ses parents habitent encore. Des générations d’agriculteurs se sont succédé. « On avait des vaches jusqu’en 1994, puis mon père a fait des terres, en plus de son travail dans une banque ».
Un rythme de plus en plus délicat à tenir, d’autant qu’une exploitation agricole de ‘petite’ taille comme celle des Wautier est de plus en plus compliquée à gérer. « Il n’y a pas assez de terre, c’est trop petit pour survivre ».
Les frères de Sophie n’étant pas intéressés par la reprise d’une activité agricole, c’est Sophie qui a trouvé le moyen de sauver le patrimoine familial, avec une idée atypique pour notre pays: y faire pousser des vignes.
Mais il y avait d’autres motivations. « On voulait également changer de vie, après avoir passé quelques années à l’étranger pour le travail de mon mari. Et on voulait faire un geste pour la planète à notre niveau, avec une ambition de rendre le monde un peu meilleur pour nos enfants », précise cette psychologue de formation, qui a travaillé dix ans dans un centre pour autistes.
Sophie devant ses vignes
C’est quoi, le Domaine W ? « C’est un domaine viticole: on a planté 7.000 pieds de vignes en 2016, et une haie naturelle d’arbres fruitiers en 2015, pour les protéger des vents froids. Les premières bouteilles sont attendues en 2020, et le rendement maximum en 2024, car on va exploiter au final les 5 hectares de la propriété ».
Sophie, bien assistée par son mari, proposera donc du vin effervescent, un genre de ‘champagne’ belge comme Rufus, « mais encore plus haut-de-gamme », car on parle de vin bio avec de la bio-dynamie. « On s’attend à produire 17.000 bouteilles environ, au final ». Un ‘mousseux’ vendu 25€.
Le prix est assez élevé, mais le temps et la quantité de travail et d’argent investis sont conséquents. « On a du étudier le type de sol avec des spécialistes, on a fait faire sur mesure des porte-greffes (pieds de vigne) en Champagne, qu’on a plantés à la main, on s’entoure d’expert champenois depuis le début ».
Heureusement, le couple n’est « pas naïf », et a un business plan solide. Outre le fait d’avoir fait entrer une vingtaine d’associés dans le projet qui a la forme d’une SPRL, il y a un ‘club W’ très original. Les membres, qui paient (une seule fois) entre 500€ et 3.000€, recevront l’équivalent en bouteilles au fil des années. Mais surtout, ils ont accès à un lieu de rencontre sous forme d’apéros mensuels, ils participent à « la fête des vendanges » et aux ateliers organisés au fil des saisons. « On est super content du résultat et de l’engouement, on a déjà plus de 100 membres (sur 630 places ouvertes), sans avoir fait de publicité », et sans avoir produit la moindre goutte de mousseux… Les gens adhèrent donc au projet, à la démarche, à l’instar d’un crowdfunding, finalement.
Une partie de la ferme où habitera la petite famille sera transformée en lieu de vinification (cuves, etc), mais également en salon de dégustation/réunion, et en boutique pour la vente sur place.